Du message miraculeux inscrit au crayon de papier sur les murs d’un sanctuaire au maillot de footballeur déposé dans un édicule dédié à la Sainte Vierge, de l’affiche collée sur les murs d’un lieu d’autorité au toucher thaumaturgique d’une pierre sacrée, de la bannière à la relique sainte, des portes- fortune aux tablettes de défixion, du chant de lutte entériné à l’incantation d’un charme défait, de la foule dansante au cortège déferlant, de la tarantelle au sabbat, de la procession à l’émeute…
Les techniques pour matérialiser les vœux et désirs se déclinent comme autant de moyens d’associer des intentions à la matière, en vue de leur réalisation, miraculeuse ou profane.
Des désirs et affects qu’elles invoquent émerge la possibilité d’un enchantement au sens de l’historien marxiste américain Peter Linebaugh :
“Le mot enchantement provient du français “chanter”. Ce chant inclut la poésie, alors l’appel à enchanter le monde, à lui insuffler un mouvement, à la fois rhapsodique mais aussi prophétique. Et cela ne peut s’accomplir qu’en chœur”. (Peter Linebaugh, Sylvia Federici, 2022)
Per Grazia e Rivolta est un projet de recherche et de création autour des techniques votives, des pratiques rituelles et sociales populaires en regard du sentiment de révolte, du point de vue des mouvements sociaux – passés
et contemporains – de l’Italie centrale et méridionale. Avec un regard porté sur les pratiques sur les formes d’irrévérence pendant l’Inquisition Romaine et sur ce que le pouvoir féodal a considéré par elles comme hérésie pour faire disparaître toute forme d’insubordination sociale dans l’Italie médiévale –entre autre par la chasse aux sorcières–, P.G.R. vise la confection d’un corpus artistique et anthropologique d’objets votifs
à même de retraverser un cortège de revendications, de désirs et d’aspirations sociales, spirituelles, affectives.
*Le projet de recherche fait suite à une résidence croisée entre le CEAAC et IUNO à Rome, il s’inscrit dans la perspective de son développement entre septembre 2024 et septembre 2025 avec la complicité du centre de recherche sur l’art contemporain IUNO et du Museo delle Civiltà (Musée des Arts et Traditions Populaires) à Rome, avec le soutien à la diffusion de la Fondation Nuovi Mecenati – Fondazione Franco – Italiana per la creazione contemporanea) et de l’Institut Goethe.