Entre ancienne cité ouvrière, banlieues et jardins, Cynthia Montier engage une récolte de récits et de savoir-faire autour des traditions, croyances, coutumes et rituels locaux. La rencontre avec les communautés du territoire abouti à une série de 7 pièces – talismans et amulettes – à activer.
Les 7 pièces présentées par l’artiste métissent les héritages entre traditions et savoirs populaires, entre rituels et coutumes, qui lui ont été partagées par les différents groupes rencontrés lors de son séjour à Noisiel. Du talisman à l’objet de fortune, les pièces sont confectionnées de manière rudimentaire et en complicité avec les personnes rencontrées sur le territoire. Leurs modes de production conjuguent la manufacture industrielle à la main-d’œuvre artisanale selon un circuit court issu des rencontres : de l’objet de consommation détourné à des fins votives à la reproduction, de l’objet recyclé et fait-maison à l’objet de bazar, de l’objet rituel à la contrefaçon […] L’ensemble des pièces-amulettes forme ainsi un égrégore incarnant sous la forme de différentes figures des allégories, symboles et entités qui elles-mêmes regroupent les thèmes traversés lors des échanges avec les groupes locaux : la famille, le travail, la fortune, la maison, la cuisine, la tradition, et enfin l’unité.

Platz – maison, habitat, ville

Un assemblage de tapis et moquettes glanés sur la voie publique ou par des réseaux des proximité, avec la complicité de deux femmes d’une communauté Rom locale, Carmen Gingioveanu et Gabi Maria Nicolae. Un « Platz » désigne en Rom le lieu d’occupation la place ou l’endroit habité, autrement dit, le camp. La pièce fait écho aux abris et aux baraques de fortunes des camps, assemblés pour foyers par les communautés nomades. Le patchwork témoigne d’un certain art et d’un soin porté à un intérieur pour rendre chaleureuses des formes d’habiter, contraintes, temporaires ou réprimées. Les différents tapis sont assemblés en co-création avec Carmen et Gabi Maria pour être brodés entre eux et former un patchwork à la fois usuel et décoratif, tel que celui-ci peut être pratiqué dans l’urgence.

L’œuvre met en lumière à la fois l’idée de logis et d’hospitalité en regard du dénuement matériel et des conditions d’accueil de personnes exilées, en rendant hommage tant à des formes d’artisanat et d’art traditionnel qui y résistent, qu’à la force du soin qui peut être conféré à des gestes assignés aux femmes en dehors et dans des espaces domestiques constitués.

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